On sait tous au combien il est difficile pour un club d’enchaîner après une dynastie, c’est une période toujours risquée pour les clubs, injustes pour les dirigeants qui sautent les uns après les autres, jusqu’au jour où une étincelle a lieu et ça repart. Tous les fans des Knicks en sont conscient, c’est pour cela qu’ils tiennent. C’était ce dont avait besoin les USA au début des années 1980, l’arrivée de Ronald Reagan est ses Reagan Diaries après une période de récession ramèneront les USA au premier plan et mettront fin à la guerre froide. Hubie Brown récupére un NY ne se remettant pas alors de sa période de gloire avec le titre de 1973. Récupérer des équipes et les remettre au niveau, cela deviendra significatif dans la carrière de Hubie Brown, mais pour réussir à New York il faut peut-être une certaine personnalité, quelque chose en plus.
LA CONSTRUCTION D’UNE CARRIÈRE AVEC DU CARACTÈRE
Hubie Brown est né en Pennsylvania, a grandi dès l’age de 3 ans dans le New Jersey à Elizabeth, tout près de Manhattan. Une éducation strict pour un enfant unique d’un père dit “exigeant”, travaillant sur les chantiers navals locaux. Hubie Brown effectua ses études à Niagara University, obtenant un diplôme en éducation, il y joua également en compagnie de Frank Layden (futur coach des Jazz) qui fut son collègue de chambre. Après un passage à l’US Army, Hubie Brown joua pour les Rochester Colonel de la Eastern Professional Basketball League (futur CBA, équivalent de la G-League actuelle) Hubie Brown était un joueur réputé pour son esprit défensif, une chose apprécié à Big Apple, il commença sa carrière de coach au lycée. Durant 9 années il entraîne les lycées de Crainford et Fair Lawn dans le New Jersey avant de rejoindre Duke, en 1969. Une évolution idéale pour un jeune coach d’être assistant dans la prestigieuse université de Caroline du Nord. Il y restera 4 saisons avant d’intégrer les Milwaukee Bucks en tant qu’assistant de Larry Costello, en 1972, après une solide expérience de jeune coach. Encore une fois, Hubie Brown arrive au bon endroit, au bon moment. Au regard de sa carrière, on devine un peu de chance mais surtout de la patience et du caractère dans ses décisions.
C’est l’âge d’or des Milwaukee Bucks, l’année précédente ils remportent leur premier et seul titre, devenant la franchise la plus rapide de l’histoire de la NBA à devenir champion après seulement 3 années d’existence. Avoir un jeune Kareem Abdul-Jabbar et Oscar Robertson dans ces rangs permet à Hubie Brown de découvrir la NBA en côtoyant les plus grands joueurs de l’histoire, une équipe championne et les finals NBA perdue face au Boston de John Havlicek et Dave Cowens, en 1973. La carrière de Hubie Brown évolue enfin vers un post de Head coach en ABA où il remporte le titre dès sa première saison avec les Kentucky Colonels en 1975. Il retrouve à nouveau la NBA et les Atlanta Hawks, au début de la saison de 1976-77 en tant que head coach cette fois, et remporte le titre de coach of the year en 1978. C’est une première en tant que coach très réussie pour Hubie Brown en NBA, jusqu’à la fin de la saison 1981, où il est viré à 3 matches de la fin de saison… Hubie Brown n’est pas du genre à faire de la politique, on l’apprécie ou pas du tout, les dirigeants vote à l’unanimité son renvoi. Certains joueurs regretteront ce départ, il restera une référence de coaching pour une partie du staff des Hawks.
N’AYANT CONNU QUE LE SUCCÈS, IL REPREND UNE EQUIPE A LA DÉRIVE ET RELANCE LES KNICKS
Au début des années 1980, les Knicks sont en perte d’identité, en transition, dans le doute et les défaites. Une période pour lesquels nous avons une expertise en tant que supporter des Knicks ces dernières années…. Sonny Werblin, le président des Knicks a fait virer Willis Reed du poste de coach et a rappelé le légendaire coach des Knicks Red Holzman, mais rien n’y fait. Bill Cartwright est présent dans la raquette mais l’ancien d’Antibes Michael “Sugar” Ray Richardson subi les excès des années 1980 et sombre dans la drogue et l’alcool. En plein doute, les Knicks effectuent alors deux moves qui changeront leur histoire. Hubie Brown devient le nouveau head coach et Michael Ray Richardson est echangé contre Bernard King aux Warriors.
Avec l’arrivée de Bernard King et Hubie Brown pour le début de la saison 1982, les Knicks sont de retour et gagnent à nouveau. On retrouve dans ces rangs Bill Cartwright au sommet de son art, Paul Westphal (futur coach à Phoenix notamment), Truck Robinson. En remportant 44 victoires, les Knicks retrouvent les playoffs et éliminent les New Jersey Nets dans un derby qu’on aurait adoré suivre aujourd’hui. Cependant au deuxième tour, ils tombent sur un big three injouable à cette époque les 76ers de Philadelphie. Avec Julius Erving, Mo Cheeks et Moses Malone, New York se fait sweeper 4-0 et pars en vacances pendant que Philadelphie remportera le titre quelques victoires plus tard. La saison 1983-84 poursuit la dynamique de l’année précédente, Hubie Brown a réussi à inverser le déclin des Knicks. Bernard King explose les compteurs et tourne à plus de 26 pts/match. L’équipe est presque inchangée, avec le King au scoring qui finira All NBA first team, les Knicks ont la meilleur défense du championnat, la patte de Hubie Brown. Combatifs en défense avec Bill Cartwright, Truck Robinson pendant que Bernard King est inarrêtable, c’est un New York qu’on adore. L’équipe se qualifie à nouveau pour les playoffs gräce à 47 victoires.
LES KNICKS DE HUBBIE BROWN AU SOMMET DE LEUR ART, MARQUENT l’HISTOIRE FACE AUX PISTONS
Au premier tour des playoffs de 1984, les Knicks rencontres les Pistons du jeune Isiah Thomas et Bill Lambeer au meilleurs des 5 matchs. La série ira jusqu’à un 5eme match qui restera dans l’histoire des playoffs NBA et des Knicks. Devant une foule de plus de 21100 personnes à la Joe Louis Arena, les deux équipes vont offrir un spectacle allant en prolongation, Hubie Brown déclare “de mon point de vue, en toute sincérité, c’est dommage qu’il y ait un perdant”. Bernard King scorera 44 points, Bill Cartwright fera le match de sa vie avec 29 points dont 23 en 2nd mi-temps.
La prolongation sera marquée par la performance d’Isiah Thomas qui va inscrire les 16 derniers points de son équipe et remonter un -8 à 1 mn de la fin. Malgré ses efforts les Knicks se qualifient, les 2 équipes seront ovationnées par la foule. Les Knicks affrontent au 2nd tour des playoffs 1984, le très grand Boston Celtics de Larry Bird, Kevin McHale, Robert Parish, Danny Ainge, futur champion NBA. Face à cette équipe légendaire, les Knicks seront éliminés en poussant jusqu’au game 7. C’est dire le niveau collectif de cette équipe et l’influence de Hubie Brown pour réussir à pousser cette équipe légendaire jusqu’à un match 7.
LE TOURNANT POUR HUBIE BROWN A LA TÊTE DES KNICKS EN 1985
L’équipe repart alors pour une nouvelle campagne en 1984 avec un effectif stable, cependant on évoque parfois des tensions entre Hubie Brown et Bernard King. Ce dernier se retrouve parfois ignoré des systèmes de Brown dans les moments chauds. King reste silencieux face à la polémique, la presse manifestera son incompréhension devant les choix de Hubie Brown. Ce dernier à du caractère, peut-être trop face au succès et au jeu irrésistible de Bernard King. Mais le 23 mars 1985 lors de la rencontre à Sacramento contre le Kings, un évènement va marquer l’histoire des Knicks.
Les Kings par en contre attaque, Bernard King s’élève pour contrer son adversaire mais à la réception on comprend, il sautille et s’écroule. On comprend, tout de suite que quelque chose de grave est arrivée. Bernard King est au sol, allongé, frappe le parquet avec sa main, ses ligaments croisées viennent de se rompre et sa carrière ne sera plus jamais la même pour le futur Hall of Famer.
Les Knicks sont abattus, Rick Pitino assistant très apprécié de Hubie Brown et déjà très réputé en NBA, reçoit à cette époque une offre de Providence pour coacher l’équipe NCAA. Mais il est loyal et apprend tellement auprès de Hubie Brown qu’il hésite et temporise avant de répondre. Après la blessure de Bernard King, Hubie Brown aura cette phrase pour son jeune assistant,“ avec cette blessure on ne va plus gagner à nouveau, prends ce job gamin et protèges ta famille”. Rick Pitino suit son conseil et déclare qu’il n’oubliera jamais cette phrase. Une page se tourne chez les Knicks qui ne se qualifient pas pour les playoffs et enchaînent les défaites, comme évoqué par Hubie Brown.
L’ARRIVÉE DE PATRICK EWING A NEW YORK ET L’AFFAIRE DE l’ENVELOPPE
Nous sommes au milieu des années 1980, la draft a des impacts immédiats sur les équipes choisissant de bons picks. L’année précédente, Akeem Olajuwon (sans H à l’époque) a été drafté par Houston, Michael Jordan par les Bulls juste après …Sam Bowie, la première draft de David Stern comme commissionnaire est disons très relevée.
Les Knicks comptent beaucoup sur cette draft et espèrent récupérer le superbe pivot de Georgetown, Patrick Ewing. C’est alors qu’arrive “l’affaire de l’enveloppe” à la lottery draft. Les médias de l’époque rappellent les enjeux pour la NBA d’avoir des équipes fortes dans les villes de New York, Los Angeles, Boston pour porter cette théorie d’un trucage. La lottery draft à l’époque est non pas effectuée avec des boules tournoyantes mais des enveloppes tirées au sort par le commissionnaire.
Sur les images de l’époque, on voit en effet qu’un coin de l’enveloppe qui sera choisie est pliée, les rumeurs diront qu’elle aura été mise au frigo afin d’être ressentie plus froide que les autres. Au final, les Knicks obtiennent le 1er choix de draft et choisiront Patrick Ewing à la draft de 1985.
DEBUT DE L’ERE EWING, FIN DE l’ÈRE HUBIE BROWN
Avec l’absence de Bernard King, les Knicks démarre la saison avec un effectif davantage modifié. La saison passée, les Knicks remporte seulement 24 matches et débutent cette saison avec Patrick Ewing qui rejoint l’effectif via la draft accompagné de Gerald Wilkins, frangin de Dominique et qui restera plusieurs années aux Knicks.
New York s’attend à une nouvelle ère avec la blessure de King et l’arrivée de Ewing, c’est une opportunité de rebond exceptionnelle pour Hubie Brown. La première action de Patrick Ewing à New york sera une claquette dunk, de quoi être accueilli chaleureusement.
Cependant, plus tard dans sa saison de rookie, il se blesse au genou et manquera 30 matchs lors de sa saison rookie. Les Knicks ne gagne alors que 23 matchs à nouveau, les choses se compliquent pour Hubie Brown, même si les blessures de King et Ewing pèsent naturellement. La saison 1986 débute mais des tensions entre Patrick Ewing, Bill Cartwright et Hubie Brown apparaissent. A leur retour de blessures, les deux pivots doivent cohabiter, avec un style de jeu très différent. Hubie Brown décale alors Patrick Ewing en ailier fort, ce qui ne plait pas du tout à ce dernier. New York démarre la saison par 4 défaites et Hubie brown est alors viré à l’unanimité par la direction, dans le vestiaire les avis seront davantage partagés.
Hubie Brown a sûrement payé le prix des défaites, son caractère peut-être à l’origine de tension avec Bernard King et Patrick Ewing. On imagine qu’une forte personnalité comme Hubie Brown est sûrement nécessaire pour gagner à New York, peut-être incompatible sur le long terme avec de puissants dirigeants. Plus tard, Bill Cartwright sera échangé contre Charles Oakley à Chicago, Bob Hill prendra le poste de Head Coach, le premier d’une longue liste de coach qui se succéderont avant l’arrivée de Pat Riley, un coach de caractère encore.
LE DÉBUT D’UNE SECONDE IMMENSE CARRIÈRE ET UN COME BACK POUR ENFONCER LE CLOU
Hubie Brown a le basket dans le sang, il début alors son autre carrière en 1987 en tant qu’analyste chez CBS Sports, puis chez TNT sport en 1990. En 2002, Jerry West fait appel à lui alors qu’il est en train de redresser l’équipe des Grizzlies à Vancouver, créée en 1995 en même temps que les Raptors. Jerry West qui a tout gagné en tant que joueur, drafté Kobe Bryant, monté les Lakers qui ont gagnés 3 titres et sera l’architecte des Warriors de Stephen Curry, choisi Hubie Brown pour mener son équipe des Grizzlies vers le début du succès. Ce dernier coupe son micro d’analyste et rejoint Jerry West pour encadrer de jeunes et talentueux joueurs comme Mike Miller, Shane Battier, Jason Williams et Pau Gasol.
L’équipe gagne 28 matchs la première saison, puis se renforce avec l’arrivée de Wesley Person, James Posey et Bonzi Wells en 2003. Les Grizzlies remporte 50 matches et atteignent pour la première fois de leur histoire les playoffs, sweepé au premier tour par les Spurs. Hubie Brown est élu Coach of the year en 2004. Hubie Brown prolonge en 2004 avec les Grizzlies mais, officiellement, des problèmes de santé l’obligent à démissionner après cette nouvelle expérience de coach très réussie. Plus tard, on apprendra que l’attitude commune de James Posey, Bonzi Wells et Jason Williams l’aurait poussé à démissionner.
TOUJOURS EN ACTIVITÉ PRÈS DES PARQUETS
Il reprend alors sa carrière d’analyste chez ABC, carrière qu’il poursuit aujourd’hui chez ESPN. Hubie est marié à Claire, ils ont 4 enfants dont Brendan Brown qui est analyste de la radio officielle des Knicks. Hubie Brown est intronisé au Hall of Fame en 2004.
Le passage de Hubie Brown aux New York sera le symbole du retour des Knicks dans les années 80, après l’âge d’or des années 70 puis la traversé du désert. Un basket de haute qualité, très haut niveau défensif. Son image sera lié à celle de Bernard King dans l’esprit des fans. De part ses résultats en carrière de coach mais d’analyste également, Hubie Brown démontre qu’il n’y a pas de secret au basket, de malédictions, de hasard.
Certains savent comment gagner, mais il faut être capable de faire valoir ses idées, s’imposer. A New York, il faut surement avoir ces dernières qualités un peu plus qu’ailleurs pour y arriver, pour être respecté. Un caractère fort, qui lui vaudra des tensions avec ses joueurs, parfois son poste, mais c’est peut-être ça qui marche à New York.