Michael Ray Richardson part alors en Europe, il sera réhabilité par la NBA en 1988 mais décide de rester sur le vieux continent. David Stern pour qui ce fut “la décision la plus difficile à prendre en tant que commissionnaire” au sujet de Richardson, le retrouvera par hasard plus tard à Paris. Souvenez-vous, les Bulls de Michael Jordan sont à Bercy pour le McDonald Challenge en 1997. Sugar Ray va voir David Stern pour le saluer et le remercier. “De quoi? “ répond David Stern. Sugar Ray lui expliquera que son bannissement lui a sauvé la vie et qu’il serait surement mort sans l’action de David Stern. Une prise de conscience qui lui a permis de se reconstruire. Sugar Ray a poursuivi sa carrière en Europe, remportant la coupe Saporta en 1990 en étant top scoreur de la compétition avec Bologne, puis en France à Antibes. Il marquera le panier pour remporter le titre avec David Rivers et le coach Jacques Monclar en 1995. Puis poursuivra sa carrière entre la France et l’Italie jusqu’à ses 46 ans.
Lorsqu’on commence à raconter l’histoire de Micheal “Sugar” Ray Richardson, on parle là d’un joueur ayant le talent pour rivaliser avec Magic Johnson et en même temps d’un homme dont la drogue a détruit en partie sa carrière, faisant de lui un exemple à ne pas suivre. Néanmoins, en regardant l’ensemble de sa vie et de sa carrière, le talent de Sugar Ray impressionne et sera plus fort que tout au final.
UN LONG PARCOURS POUR SE FAIRE UN NOM
Micheal Ray Richardson est né en 1955 au Texas à Lubbock, état qu’il quitte pour le Colorado et la banlieue de Denver après le divorce de ses parents à l’âge de 6 ans. Sa mère est cuisinière à l’hôpital, Micheal a deux frères aînés et 4 petites soeurs. Au sujet de cette époque il dit: “On n’était pas très riche mais on n’était pas très pauvres non plus”. Micheal prenait soin de ses petites soeurs, était très attentifs, attentionné. Il vendait du pop corn pour se faire de l’argent de poche et jouait au basket. Malgré des efforts scolaires, Micheal Ray Richardson intègre le lycée de la Manual High School qu’en dernière année et jouera pivot.
Son coach de l’époque Floyd Theard déclare: “il était rapide et avait de bonnes mains, mais il était entre deux tailles et avait un shoot trop plat. A cela s’ajoute des mauvais résultats scolaires et seulement 9 points de moyennes, ce qui pousse Sugar Ray à poursuivre son cursus dans un junior college de l’Iowa. Il est alors repéré et intègre la NCAA via la fac de Montana en 1974 avec la quinzaine d’étudiants noirs du campus qui compte 7000 étudiants au total…. Son intégration prend du temps, la situation le rend nerveux et ne fait qu’accentuer son bégaiement. Cependant il s’intégrera au campus et sera surnommé “Sugar” par les étudiants.
Sa première année est timide à 7.5 points, mais Micheal Ray Richardson passe l’été 1975 à s’entraîner avec les joueurs pro des Denver Rockets, en profite pour se marier et réalise 18.2pts et 6.3rbs de moyenne lors de sa deuxième année. A la fin de cette 2nd saison, Jud Heatcote le coach, quitte la fac pour entraîner Michigan State et un certain Earvin “Magic” Johnson. Micheal est effondré, se rend au domicile du coach en pleurant évoquant un départ de la fac de Montana. Cependant il finit son cursus à Montana, tournant à 19.2pts en 3eme année et 24.2pts lors de sa dernière année, avec la détermination d’intégrer la NBA.
En 1978, Micheal “Sugar” Ray Richardson se présente à la draft et est choisi en 4eme position par les Knicks de New York. Dans la draft de 1978, on retrouve Mo Cheeks en 36eme position mais c’est surtout Larry Bird qui fut choisi en 6eme position, deux rangs derrière Sugar Ray!

LA NBA DÉCOUVRE UN TALENT À l’ÉTAT BRUT QUI IMPRESSIONNE ET RIVALISE AVEC LES PLUS GRANDS
Michael Ray Richardson arrive aux Knicks dans une franchise en plein doutes après ces années de gloire dans les années 70’s. Le coach historique, Red Holzmann, a laissé sa place à Willis Reed et l’équipe est composée de Bob McAdoo, Earl “the Pearl” Monroe et Bill Cartwright qui arrivera la saison suivante avec la draft de 1979. Présenté comme le nouveau Walt Frazier, Sugar Ray a le soutien de son coach, Willis Reed, et conquiert vite le Madison Square Garden. Il est mobile, adroit, a un grand sens du jeu, défend dur et fait du trash talk… Serait-ce le profil idéal pour jouer à NY? Il réalise rapidement des triple double pour être le 2nd dans l’histoire des Knicks avec 18 triple double en carrières et obtient très vite le respect de toute la ligue.
Il est important de comprendre que la carrière de Micheal Ray Richardson aurait pu être totalement différente en NBA, vu son talent. Il rivalisait et était craint par les plus grands meneurs. Son style de jeu était très proche de Magic Johnson mais avec beaucoup de vélocité et de dureté défensive. Larry Bird dit de lui un jour qu’il est “le meilleur basketteur de la planète”. Magic Johnson déclara “Micheal Ray Richardson jouait exactement comme je le faisais” , Chuck Daly carrément déclare “Si il y a meilleurs basketteurs sur Terre, faites moi signe” et Isaiah Thomas disait de lui qu’il était le seul joueur à lui faire peur.

UN JEUNE HOMME TALENTUEUX PROFITANT DE LA VIE… MAIS À NEW YORK DANS LES ANNÉES 80…
Le coach Willis Reed sera remercié après 1 saison et 14 matches pour être remplacé par Red Holzmann qui revient pour redresser l’équipe. Michael Ray Richardson joue peu sa première année, il demande alors à être échangé ce qui lui sera refusé. Red Holzman exprime le besoin d’un meneur leader et à 24 ans et Micheal Ray Richardson relève le défi dans sa 2nd saison.
Il explose lors de sa deuxième année avec 15.3pts, 6.6rbs et surtout 10,1 assists et 3,2 interceptions. Il devient ainsi le premier joueur de l’histoire de la NBA à être meilleur passeur et intercepteur de la ligue. La NBA l’invite bien entendu au All-Star Game pour la première de ses 4 apparitions et le Garden l’adore, son style si élégant le rend irrésistible à regarder. Micheal “Sugar” Ray Richardson poursuit son ascension et de formidables performances, cependant, il goûte aussi à la “nightlife” New Yorkaise, pour lui qui a grandi dans la banlieue de Denver. Il enchaîne les achats spectaculaires: Rolls Royce, Porsche, Jaguar, BMW, Mercedes…. malgré qu’il soit marié, il est souvent aperçu en charmante compagnie. La coke circule très facilement, abondement à l’époque à New York, certains journalistes prétendait que 75% des joueurs NBA en consommaient à l’époque. Mais pour “Sugar Ray” c’est bien là le point qui fera basculer sa carrière…Depuis les titres des années 1970, les Knicks enchainent les coach, cherchent la régularité, les victoires, une nouvelle identité.
En 1982, Hubbie Brown débarque à New York et ramènera les Knicks au sommet plus tard. Mais à son arrivée, on comprend vite que les deux hommes ne s’apprécient guère… Pour les Knicks, cette situation créera un trade historique à l’été 1982, Micheal Ray Richardson est échangé contre Bernard King aux Golden State Warriors.
UN JEUNE HOMME TALENTUEUX PROFITANT DE LA VIE… MAIS À NEW YORK DANS LES ANNÉES 80…
Aux Warriors il est accueilli avec une étiquette de “camé” pendant que Michael King marquera l’histoire de la NBA et des Knicks, en faisant le chemin inverse. Des clauses relatives à la drogue sont ajoutées au contrat de Richardson, un détective privé le surveille dans la baie de San Francisco. Micheal Ray Richardson continue cependant à consommer de la drogue, ajouté ce contexte suspicieux, l’homme s’effondre et ses stats plongent. Après seulement 33 matches, il est transféré aux New Jersey Nets où le coach Larry Brown croit en lui et veut lui donner une nouvelle chance.
Il se sent mieux aux Nets, se sent soutenu et accepte de suivre une cure de désintoxication. Il participe aux Playoffs de 1984 et emmène son équipe dans un match 5 décisifs où il portera l’équipe avec 24 points et 6 interceptions. Les Nets s’inclinent finalement face aux futur champion NBA, les 76ers de Dr. J et Moses Malone. Sugar Ray revient à son meilleur niveau lors de la saison 1984-85, participe au All-Star Game avec les plus grands, (Jordan, Magic, Bird, Dr J, Moses Malone) et reçoit le titre du “come back de l’année”. Il réussi lors d’un match une performance rarissime de 38 pts, 11 rbs, 11 passes et 9 interceptions, à une interception du quadruple double. Ca situe le talent d’un joueur..
Malheuresement ses vieux demons le rattrappent, après une soirée avec Darryl Dawkins, il disparaît et laisse tout le monde sans nouvelles, y compris son épouse. Ses coéquipiers sont désemparés et en février 1986, Micheal Ray Richardson échoue pour la 3 eme fois à un test anti-drogue. Pour le nouveau règlement mis en place par le nouveau commissionnaire, David Stern, cela signifie être banni de la NBA à vie. Au grand regret de David Stern, le 26 février 1986, Micheal “Sugar” Ray Richardson devient le premier jour à être banni de la NBA à vie.

DÉPART POUR L’EUROPE
Pour ceux ayant eu la chance de le voir jouer, sa domination à plus de 40 ans sur le terrain et sa capacité à faire le show était exceptionnelle et seront probablement jamais revues en Europe. Micheal Ray Richardson a entamé ensuite une carrière de coach en CBA (ancienne G-League) où il fut champion en 2008 et 2009, puis dans la ligue Canadienne où il sera champion en 2012-2013.
LE TALENT PLUS FORT QUE TOUT
Quand on parle de Michael “Sugar” Ray Richardson, on évoque souvent un joueur ayant sombré dans la drogue et une victime des excès des années 1980. On notera davantage ici comme le basket et surtout le talent de “Sugar” Ray lui ont permis de renaître à plusieurs reprises. Un talent si fort qu’il a pu se reconstruire à plusieurs reprises en tant qu’homme et basketteur avec de la réussite. Après ses premiers succès en NBA, il a su renaître et re-devenir All Star aux Nets, gagner ensuite en Europe dans plusieurs équipes avec le rôle principale à 40 ans et enfin en tant qu’entraineur avec 2 équipes.
Michael “Sugar” Ray Richardson a un talent digne des plus grands, d’un Hall of Famers sans aucun doute et sûrement dans la discussion avec Magic et Bird dans les années 80, si la drogue et les excès auraient été évités. Il a vécu ses plus belles années sportives en tant que Knicks, son exemple met en lumières les risques pour les joueurs NBA liés à la ville. Chose qui semble être prise en compte aujourd’hui par le club, dans l’accompagnement de ses joueurs. Un basketteur tellement fort à la personnalité fragile, qu’en aurait-il était de la vie de “Sugar” Ray si il n’avait pas eu un talent plus fort que tout, serait-il vivant encore aujourd’hui et sans la drogue, ne serait-il pas un des plus grand de tous les temps?
