Bill Cartwright

L'inconnu aux 5 bagues qui a tout connu

Pour beaucoup, il est le pivot ayant gagné 3 titres avec les Bulls et pour d’autres un personnage des Knicks dans les années 80. Portrait d’un joueur ayant tout connu dans sa carrière, hype, succès, All-Star, blessure, trade, titres, coaching… Il a marqué l’histoire des Knicks à sa manière, voici Bill Cartwright.

UN CALIFORNIEN AVEC UNE ÉNORME HYPE

Bill Cartwright est né en Californie en 1957 entre Sacramento et San Francisco, dans la ville de Lodi. Il est très grand, commence le basket très jeune et a un impact immédiat sur le jeu. Il s’inscrit au lycée de Elk Grove Thundering Herd près de Sacramento et domine facilement les raquettes grâce à sa taille. En 1974 et 1975, il est nommé California player of the year deux années de suite, ce qui lui permet de bénéficier d’une hype autour de lui très jeune. D’autant que lors de sa dernière année de lycée, en 1975, il remporte le titre de champion de l’État de Californie à Oakland. Bill Cartwright a une cote énorme à l’époque, du même niveau que Darryl Dawkins qui, lui, passera directement du lycée à la NBA. .Il rejoint les Dons à L’université de San Francisco et mène 3 années de suite l’équipe au tournoi final de la NCAA.

Il est temps pour Bill Cartwright de lancer sa carrière professionnelle pour laquelle il est pressenti dès ses années lycées,  il s’inscrit à la draft de 1979. En première position, la star de Michigan State University, Earvin Magic Johnson est choisi par les Lakers, puis Bill Cartwright est choisi en 3eme position par les Knicks de New York, les Knicks ont tradé Bob McAdoo aux Celtics et ont ainsi récupérés 3 premier tour de draft. Dans cette draft, on retrouve Cliff Robinson, Bill Laimbeer et Mark Eaton.

CARTWRIGHT ARRIVE CHEZ DES KNICKS EN CRISE

En 1979 à New York, on est dans une période de doute après la tentative de reconstruction qui a échouée. Après les deux titres acquis en 1970 et 1973, les Knicks ont tenté de revenir au sommet autour de Walt Frazier, Earl “the Pearl” Monroe, Bob McAdoo et Spencer Haywood. Mais les deux premiers sont vieillissants, Haywood plonge dans la drogue et finalement McAdoo a été transféré afin de récupérer des choix de draft. (notamment pour drafter Cartwright). Eddie Donovan est toujours General Manager mais Willis Reed était arrivé comme coach et a été rapidement renvoyé… Red Holzman a alors repris du service mais le doute est là. La bonne surprise vient de la draft de Cartwright et du rookie drafté en 1978, Micheal Ray Richardson, même si des rumeurs commencent à émerger sur ce dernier, concernant sa vie privée et les substances auxquelles il est en contact… Le New York des années 80’s est une ville très dangereuse, du Bronx à Manhattan, c’est la ville où un crime a lieu toute les 2 secondes, une ville ravagée par la cocaïne qui mettra des années à s’en défaire jusqu’au mandat de Rudolph Giuliani, qui installera 60 000 policiers à Manhattan.  

C’est dans cette période de transition difficile que Bill Cartwright va, lors de son année de rookie, confirmer la hype autour de lui en tournant à près de 22 points et 9 rebonds, il sera même sélectionné en tant que rookie au All Star Game. A peine une dizaine de joueurs après Cartwright seront all star en tant que rookie. (Michael Jordan, Grant Hill, Blake Griffin…). Néanmoins, au fil du temps, la production de Cartwright redescend alors que cela devrait être progressif pour un jeune joueur. L’équipe est également impactée par les déboires extra sportif de Micheal Ray Richardson, un talent fou mais qui passe beaucoup de temps dans les pièges de la nuit New Yorkaise. Le nouveau coach Hubbie Brown n’apprécie guère la situation et va réaliser un changement majeur avec le nouveau GM et ancien champion, Dave Debusschere.

Sugar Ray Richardson sera échangé aux Warriors et Bernard King arrivera aux Knicks. L’équipe va également recevoir de valeureux assets tel que Trent TuckerTruck Robinson, de quoi faire revivre le Garden est réaliser des séries de playoffs historique, notamment contre Detroit en 1984.Mais pour Bill Cartwright qui vient de clôturer une saison à 17 points et 9 rebonds par match, un virage dans sa carrière va s’amorcer. Après ces playoffs de 1984, il se blesse au pied et va manquer l’intégralité de la saison 1984-1985. Cette saison sera structurelle dans l’histoire des Knicks, dramatiquement mais ouvrant sur une nouvelle ère. Alors que Cartwright est blessé, l’équipe ne parvient pas à décrocher les victoires, la seule lueur d’espoir sont les performances offensives de Bernard King qui écrit sa légende et enchaîne les cartons, à plus de 32 pts de moyenne. Mais en fin de saison 1984-85, il se déchire le genou et brise sa carrière… On le reverra sous le maillot des Knicks pour 6 matchs au début de la saison 1986.

A l’issue de la saison 1984-1985, a lieu la lottery draft qui sera célèbre avec les soupçons de corruption de David Stern, “l’affaire de l’enveloppe froide”, cela permet aux Knicks de récupérer le premier choix de draft. Ils récupèrent alors le plus attendu des joueurs universitaires, Patrick Ewing. Pour Bill Cartwright, Patrick Ewing apparaît clairement comme un concurrent et un challenge. Lui qui vient de passer la saison 1984-1985 blessé, il attaque alors la saison 1985-86 avec de grandes ambitions mais se reblesse à nouveau au pied après 2 matchs. Il manquera à nouveau l’intégralité de la saison pendant que Patrick Ewing, malgré sa blessure, montrera l’étendu de son talent. Les Knicks eux continuent d’évoluer, Hubbie Brown s’est fait viré et remplacé par son assistant Rick Pitino et un rookie du nom de Mark Jackson a intégrer l’équipe. Lors de son retour à la compétition en 1986, il réintègre l’équipe au poste de pivot et Ewing est décalé au poste d’ailier fort. Cette situation ne va pas plaire à ce dernier et cela va créer des tensions avec Cartwright. Cartwright va être relégué sur le banc, une situation qu’il n’acceptera pas.

Pendant ce temps, la direction des Knicks s’interroge sur son effectif avec cette situation et notamment sur la place de Cartwright dans les projets de l’équipe. Dans le même temps, l’équipe aimerait renforcer sa raquette et trouver un intérieur robuste pour protéger Patrick Ewing. Du côté de Chicago, Michael Jordan a pris sous son aile le jeune intérieur bouillonnant, Charles Oakley, qui domine les raquettes avec plus de 13 rebonds par matchs. Les Chicago Bulls ont également dans leur effectif le jeune Horace Grant qui progresse très vite. Les Bulls veulent accélérer le développement de ce dernier et également gagner en verticalité, ajouter de la taille à leur raquette. Ainsi, et contre l’avis de Michael Jordan, Charles Oakley est alors échangé en 1987 contre Bill Cartwright. Bill Cartwright referme l’épisode Knicks, qui avait bien commencé mais allant de mal en pie.. une étape pour lui vers le succès, tout comme les Knicks.

LES TITRES, LES TENSIONS

A Chicago, il débarque dans une équipe qui se casse les dents à chaque playoffs sur les Detroit Pistons, avec la superstar Michael Jordan et son lieutenant, Scottie Pippen. Cependant, Michael Jordan est réputé à cette époque d’être un leader pour le moins tyrannique. Hormis Scottie Pippen, obtenir du respect et de la considération de sa Majesté relève de l’exploit. Ce qui met certains joueurs sous pression comme Horace Grant qui sera prêt à claquer la porte des Bulls et Bill Cartwright. Car Michael Jordan avait pris sous son aile Charles Oakley, qui deviendra l’un de ses meilleurs amis et en voudra à Bill Cartwright. Il le surnomme “Medical Bill” arguant de son incapacité d’attraper les passes, Bill Cartwright viendra lui demander alors des explications.

Si tu redis aux gars de ne pas me faire de passe, tu pourrais ne plus pouvoir jouer au basket

Lors de son retour de blessure en 1989-90, l’état de santé et le jeu de Bill Cartwright se sont amélioré, ce qui a détendu les relations entre les deux hommes et dans le même temps, a amené Michael Jordan à développer son leadership, un élément clé dans l’évolution des Bulls et l’atteinte de leur premier titre en 1991. Les Bulls échouent en finale de conférence contre les Pistons de Détroit à plusieurs reprises dans des combats dantesques, où Bill Cartwright montre qu’il ne faut pas le chercher. Que l’on s’appelle Michael Jordan ou Isaiah Thomas… Néanmoins en 1991, il est victime d’un violent coup de coude qui provoquera une fracture de son larynx et changera sa voix à jamais…

La suite on la connait, Bill Cartwright et les Bulls remportent le titre en 1991, 1992, 1993, empêchant notamment les Knicks d’accéder aux Finals NBA à plusieurs reprises. En 1993, Michael Jordan prend sa première retraite, les Bulls développe l’équipe autour de Scottie Pippen et accueille également le géant Australien, Luc Longley, au poste de pivot. Bill Cartwright a 36 ans et son rôle décline au sein de l’équipe naturellement, les Bulls seront éliminés des playoffs cette année par les Knicks qui fileront en finale de conférence, mais tomberont sous le duo Penny Hardaway, Shaquille O’Neal d’Orlando. Bill Cartwright sera laissé free agent et signera un contrat d’un an aux Seattle Supersonics, mais ne jouera que 29 matchs et à l’issu de la saison 1994-1995, il met un terme à sa carrière de joueur.

UNE CARRIÈRE DE COACH COMPLÈTE ET INTERNATIONALE

Assez rapidement Bill Cartwright débutera une carrière d’assistant coach et intègre le staff des Bulls de Phil Jackson au début de la saison 1996-97. Il remportera ainsi le titre de 1997 et 1998 avec les Bulls en tant qu’assistant, portant à 5, son nombre de bagues…. A la fin de la saison 1998, les Bulls entament leur reconstruction avec la retraite de Michael Jordan, les départs de nombreux éléments tel Scottie Pippen et Phil Jackson. Cartwright reste dans le staff et assiste Tim Floyd avant de prendre sa place et d’être confirmé la saison suivante comme en Head Coach, en 2001-2002, puis être viré en 2003-2004. La saison suivante il intègre le staff de Lawrence Frank aux New Jersey Nets puis celui des Suns en 2008 avec l’arrivée de Steve Kerr en tant que General Manager, il y restera jusqu’en 2013 avant de commencer une carrière internationale.

Il pose ses valises au Japon en 2013, à Osaka avant de prendre en main l’équipe nationale Mexicaine en 2014 mais sans un grand succès. Il postule aux Knicks en 2014 pour intégrer le staff de Phil Jackson mais ne sera finalement pas retenu. Depuis, Bill Cartwright est retourné à l’Université de San Francisco passer un master dans le développement des organisations et est très actif auprès de la jeune génération, en les accompagnant dans leurs projets d’entreprise.

L’histoire et la longue carrière de Bill Cartwright traverse plusieurs générations. Des années 80 aux années 2010, il est le témoin de beaucoup d’évolutions sportives et sociales de la NBA. Très célèbre pour avoir l’un des plus horrible lancer franc de l’histoire de la NBA, Bill Cartwright a été victime d’une certaine fragilité physique, le pied notamment, qui la clairement fait passer d’une superstar en puissance, à un rôle player et aux oubliettes pour une génération plus jeune. Il a marqué l’histoire des Knicks de deux manières, les fans des knicks des années 80’s se souviennent de son impact lorsqu’il arrive dans la ligue et c’est aussi grâce à lui que Charles Oakley intégrera l’équipe. Son caractère affirmé derrière une certaine discrétion, fait oublier le palmarès de Bill Cartwright, un inconnu à 5 bagues qui a tout connu.

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