Earl Monroe

La bonne réputation est un collier de perles

Il fait partie de la fabuleuse équipe qui remportera le 2nd titre des Knicks en 1973 et aussi de la fameuse équipe des Bullets qui privera les Knicks du doublé en 1971. Portrait d’un arrière inarrêtable et l’un des joueurs les plus apprécié du Madison Square Garden, Earl “The Pearl” Monroe.

UNE LÉGENDE DES PLAYGROUNDS DANS LE SUD DE PHILADELPHIE

Earl Vernon Monroe est né en 1944 à Philadelphie dans le sud de la ville. Earl est très sportif dès son enfance, il oriente ses premières passions sur le baseball et le soccer. Ce qui semble assez rare dans les années 50 aux USA. A 14 ans, il mesure déjà 1m90 et commence à jouer au basket, beaucoup et avec beaucoup de facilité…. Alors que ses résultats scolaires sont bons, il commence à se projeter vers l’avenir et souhaite intégrer la fac de Temple. Il a un projet et joue énormément au basket, il devient une véritable légende des playgrounds de Philadelphie et joue au John Bartram High School.

C’est là que ses coéquipiers lui donneront le surnom de “Thomas Edison” en référence à l’inventeur, Earl Monroe invente en permanence des nouveaux mouvements qui surprennent ses coéquipiers. Ce sera son premier surnom, avant d’être appelé “Black Jesus”.

"La chose c'est que je ne sais pas ce que je vais faire avec le ballon, et si je ne le sais pas, je suis tout à fait sûr que le gars qui me protège ne le sait pas non plus."

Earl Monroe se prépare à entrer en classe préparatoire pour intégrer Temple, mais autour de lui on prend conscience de son potentiel et la possibilité pour lui de faire une carrière pro. On lui conseille alors de rejoindre l’université de Winston Salem State University, en Caroline du Nord, afin d’être coaché par le coach membre du Hall of Fame Clarence “Big House” Gaines. Earl Monroe rejoint l’université de Winston Salem en 1963.

Avec ce dernier il développe une bonne relation et effectue une saison freshman discrète avec 7,8 points en moyenne, mais le potentiel est là. C’est un journaliste locale, le regardant à l’échauffement qui lui donnera son éternel surnom. Ce journaliste fut impressionné comme Earl enchaînait les paniers à l’échauffement avec une telle fluidité, comme si “il enfilait des perles”. De là est né Earl “The Pearl” Monroe. Dès sa deuxième saison, il commence à affoler les compteurs en tournant à 23,2 points en moyenne et devient déjà inarrêtable dès sa 2nd année, à une époque où la grande majorité des joueurs effectuent leur cursus entier. Sous les ordres de Clarence Gaines, il tourne à plus de 60% de réussite au tir avec un style spectaculaire, plein de “shake and bake” ce qui poussent la foule à hurler son nom pendant les temps morts.

Ses deux dernières saisons ne laissent aucun doute sur son talent, tournant respectivement à 29,8 points et 41,5 points par match lors de sa 3eme et 4eme année. De quoi faire de lui, l’un des top pick de la draft de 1967…

UNE ENTRÉE FRACASSANTE ANNONCIATRICE DE SUCCÈS

Comme prévu, il est choisi haut dans la draft de 1967 par les Bullets Baltimore (actuels Washington Wizards) en 2nd position. Dans cette draft, on retrouve en 5eme position Walt Frazier, choisi par les Knicks, Pat Riley en 7eme, Phil Jackson en 17eme position. Le numéro 1 de la draft et un certain Jimmy Walker choisit par les Detroit Pistons, il est le père biologique du futur fab five du Michigan, Jalen Rose, enfant qu’il n’a pas reconnu…

Earl Monroe débarque à Baltimore et fera une saison rookie historique avec un style rendant les fans hystériques. Plus de 24 points de moyenne sur sa saison rookie, il se permet de coller 56 points contre les Lakers, ce qui fait de lui le numéro 3 dans le record de point en un match pour un rookie dans l’histoire , derrière Wilt Chamberlain et Rick Barry avec 58 et 57 points. Il bat le record de point de la franchise à l’occasion, qui sera battu seulement en 2006 avec les 60 points de Gilbert Arenas.

L’année suivante, il est rejoint par le futur hall of famer, Wes Unseld, drafté en 2nd position en 1968. Les Baltimore Bullets remportent 57 victoires, vont commencer à écrire une période importante de leur histoire et débuter une rivalité avec les Knicks.. contre qui ils perdent en finale de conférence Est en 1969. En 1970, l’équipe continue sur sa lancée, Earl Monroe est régulier et impressionnant au scoring, et est davantage soutenu par Wes Unseld. En playoffs contre Detroit, il battra le record NBA de l’époque de points dans une prolongation avec 13 points, record détenu dorénavant par … Gilbert Arenas avec 16 points. C’est à nouveau contre les Knicks, allant vers leur premier titre, qu’ils sont éliminés des playoffs 1970, jusqu’à l’année suivante où ils privent les Knicks d’un doublé en finale de conférence Est des playoffs de 1971, en remportant le 5eme et ultime match de la série à l’époque, au Garden, ce qui à ce jour est une des plus grande défaite de l’histoire des Knicks.

La finale NBA de 1971 les opposent aux Milwaukee Bucks, comptant de leur rangs deux jeunes joueurs du nom de Kareem Abdul Jabbar et Oscar Robertson, trop fort pour les Bullets, les Bucks remporteront le seul et unique titre de leur histoire. A l’issue de cette saison, Earl Monroe veut un nouveau challenge, dans un marché plus important et demande à être tradé soit aux Lakers, aux Bulls ou chez lui à Philadelphie. Il sera finalement tradé en 1971, après quelques matchs, aux Knicks de New York.

Les Wizards retireront plus tard son numéro 10, le début de carrière de Earl “The Pearl “ Monroe est fracassant, autant sur le point individuel que collectif avec ses participations aux finales de conférences et NBA. Ce coeur de champion se confirmera, mais ce sera à New York…

UNE SUPERTEAM QUI INTERROGE, INQUIETE

En 1971, Earl Monroe est une superstar, d’un talent et d’une régularité constante depuis son arrivée en NBA. Il rejoint les Knicks de New York, champions 2 ans auparavant, avec Walt Frazier à la mène et Dick Barnett comme titulaire à l’arrière. La presse s’empresse de se demander comment Frazier et Monroe vont-ils pouvoir cohabiter, deux joueurs ayant besoin de briller avec la balle en main. C’est une remise en question pour Earl “The Pearl Monroe” et une décision qui l’attend, dans une équipe où arrivent en même temps que lui Jerry Lucas, où le scoring est aussi assuré par Willis Reed.

Phil Jackson sera aussi sceptique à l’époque de cette cohabitation entre Frazier et Monroe, ainsi que la capacité d’adaptation de Monroe à ce jeu. Red Holzman, sous l’impulsion du GM Eddie Donovan, a mis en place un jeu avec une pression défensive permanente, une circulation de balle rapide, du shoot extérieur pour tous les membres de l’équipe. Earl Monroe, qui n’avait pas choisi New York initialement sera alors challengé, Red Holzman sera franc avec lui et lui posera directement la question.

“Es-tu capable de jouer au basket aussi sans ballon?”

Earl Monroe répondra aux craintes du coach, des joueurs, des journalistes et des fans avec le plus grand professionnalisme et la plus grande élégance.

“Tout ce que je sais, c’est que j’aime et sais jouer au basket. “

Monroe ira plus loin dans son esprit de sacrifice au profit de l’équipe, en proposant de lui même à Red Holzman de commencer sur le banc, afin d’éviter de perturber le magnifique collectif en place et d’apprendre davantage le jeu des Knicks. Devant un tel esprit d’équipe, de sacrifice, Dick Barnett titulaire en place à l’arrière déclare

J’ai bientôt 35 ans et peu d’années devant moi, il vaut mieux que Earl Monroe commence à l’arrière le plus tôt possible

C’est ainsi que des craintes, risques de tensions, seront remplacés par une formidable cohésion d’équipe, Walt Frazier et Earl Monroe forment ce qu’on appellera la “Rolls Royce” des backcourt, l’un des meilleurs de l’histoire. Cela portera les Knicks à leur second titre en 1973 et Earl “The Pearl” Monroe aura son numéro 15 retiré au Garden. (il a ainsi son numéro retiré dans deux clubs)

Il faut mettre en perspective la côte et le niveau de Monroe à la fin de sa période chez les Bullets, on peut comparer cette situation aux Tres Amigos de Miami, imaginez Dwayne Wade acceptant de sortir du banc et se sacrifier, dans l’intérêt de l’équipe. Il portera les couleurs des Knicks jusqu’à la fin de la saison de 1979-1980, où ses problèmes de genoux mettront un terme à sa carrière de joueurs.

UNE SUPERTEAM QUI INTERROGE, INQUIETE

“Ne sous estimez jamais le coeur d’un champion”, cette phrase est souvent reprise dans les séries de matchs indécises, elle va aussi très bien à Earl Monroe lorsqu’on évoque ses activités après sa carrière de joueur.

Peu de temps après sa carrière de joueur, il deviendra le commissionnaire d’une ligue d’été peu connue en EUrope, la United State Basketball League, où des anciens joueurs se retrouvent. On peut citer Anthony MasonMicheal Ray Richardson dans ses anciens membres.

Earl Monroe a participé à plusieurs programmes pour la jeunesse et le sport à Harlem, ce qui lui a valu de recevoir de nombreux titre de la ville de New York et du quartier de Harlem comme le Harlem Inspirational Professionals award, YMCA Citizenship Award and Big Apple Sportsman of the Year Award pour n’en citer qu’une partie. Avec Walt Frazier, ils prennent la parole régulièrement pour la American Heart Association, Monroe prend aussi la parole pour aider les diabétiques à mieux s’alimenter, étant lui même diabétique. Il a également commenté les matchs des Knicks sur MSG Network et tout comme Walt Frazier ouvert un restaurant à Manhattan se nommant The River Room. Il a également un label de musique, Reverse Spin Records, a un fils et une fille Rodney et Maya.

Earl Monroe a une réussite extraordinaire depuis ses débuts sur les playgrounds de Philly, ses records à la fac, son entrée fracassante en NBA, ses titres avec les Knicks et ses nombreuses réussites après sa carrière. Il a su prendre des décisions réfléchies, professionnelles et témoignant d’un amour du jeu et d’un sens des responsabilités remarquables. Earl “The Pearl” Monroe était à la fois l’un des joueurs les plus fort de sa génération, un coéquipier modèle, une personnalité conviviale et un homme loyale et responsable. Bien plus que des talents, les Knicks des années 70 étaient un groupe de joueurs talentueux et de grands hommes. Son investissement avec succès dans différents business après sa carrière et surtout beaucoup d’action pour la communauté lui a donné un haut respect des fans et de la famille NBA.

La réputation d’Earl Monroe est tenu en haute estime où qu’il passe, terrain, business, investissement pour la communauté,  une réputation incontestable faisant de lui aujourd’hui une légende vivante de l’histoire des Knicks. “La bonne réputation est un collier de perles.” dit un proverbe arménien, The Pearl est une superstar depuis toujours et pour l’éternité dans le coeurs des fans.

Il fut introduit au Hall Of Fame en 1990, membre des 50 meilleurs joueurs de l’histoire et est responsable du nom de Ray Allen dans He Got Game. Denzel Washington explique à son fils qu’il lui a donné ce prénom en l’honneur du premier surnom de Monroe “Jesus”. Avec un réalisateur comme Spike Lee, ca n’apparait pas comme un hasard….

FOLLOW US