Le basket américain a une riche, longue et glorieuse histoire qui dépasse l’histoire de la NBA. Joe Lapchick a été une de ses stars au parcours digne du rêve américain avant le début de la NBA. Lorsque la NBA arriva, une telle star avait une seule ville alors à choisir, les Knicks de New York. Portrait du premier grand coach de l’histoire de la NBA et des Knicks, Joe Lapchick.
Joe Lapchick est né dans l’état de New York en 1900, à Yonker, entre Manhattan et Tarrytown où se trouve le centre d’entraînement actuel des Knicks de New York). Ses parents sont Tchèques et ont immigrés aux USA peu de temps avant sa naissance, la famille est très modeste mais unie. En dehors des cours, Joe traine près de la ligne de chemin de fer afin de ramasser du charbon pour aider sa famille, et comme beaucoup d’enfants à l’époque, il arrête l’école à 13 ans. Un an auparavant, il découvre le basket et commence à y jouer, utilisant sa grande taille pour dominer petit à petit les terrains. Après avoir arrêté les cours, il commence à travailler comme caddy de golf puis dans un usine pour environ 15 dollars par semaine, pour 10 heures de travail quotidien. Il a alors 15 ans, il joue la nuit dans des matchs de baskets où il est payé 5 à 10 dollars par match.

Il continue de jouer sans s’arrêter, prend du plaisir et grandi jusqu’à atteindre 1m95, ce qui à l’époque est très grand. Joe Lapchick négocie ses horaires de travail afin de participer aux rencontres de basket, en fonction des horaires qu’il obtient joue dans différentes équipes. Lors des matchs de basket à l’époque, après chaque panier se jouait un entre deux, ce qui donnait énormément de valeur à Joe Lapchick et son 1m95, à cela s’ajoute son expérience accumulée. Si bien qu’à 19 ans en 1919, il est payé 100 dollars pour chaque match, assez pour décider de quitter l’usine et de vivre désormais du basket.
MEMBRE DES FAMEUX NEW YORK CELTICS
Il joue alors contre la meilleure équipe locale en 1920, les New York Celtics et leur pivot Horse Haggerty. Lorsque ce dernier quitta l’équipe, Joe Lapchick rejoint alors les Originals Celtics en 1923. L’équipe domine les matchs physiquement en jouant dur et tactique pour des matchs d’exhibition à travers le pays. Chaque jour, il se rendent dans une ville différente pour effectuer une rencontre et vivait dans des conditions souvent précaires. Joe Lapchick, un jour, eu une coupure au bras qui s’est infectée dû au produit utilisé pour teinter les maillots de vert. Pour illustrer les moyens de l’époque, Johnny Beckman, le médecin de l’équipe, prends alors du whisky et le verse sur le bras de Joe Lapchick pour le désinfecter, avec succès… En 1926, les New York Celtics intègrent la ABL. Cette ligue créée en 1925 intègre des équipe de la côte Est américaine. Plus tard en 1937, sera créé pour les équipes du middle la NBL, les 2 ligues fusionnent partiellement en 1946 et donnent naissance à la BAA qui deviendra la NBA en 1949 après la fusion totale de la NBL et BAA.

Les Celtics remportent 2 titres très facilement, notamment grâce à son pivot star, Joe Lapchick qui devient célèbre à travers le pays, dû à l’exposition médiatique qui augmentent. Il est le leader, la star de l’équipe qui domine outrageusement les autres équipes de basket du pays. Cette domination est telle, que la ligue demande une séparation de l’équipe (les superteams à l’époque, la ligue n’aimait pas déjà). En 1928, il rejoint alors Cleveland avec qui il gagne alors 2 titres, ce qui fait de lui un quadruple champion en 4 saisons…En 1931, il re-forme les Celtics avec lesquels il jouera jusqu’en 1935, date à laquelle il prend sa retraite de joueur pour commencer une nouvelle carrière d’entraîneur. En 1936, il devient officiellement l’entraîneur de l’Université de Saint-John, chez lui à New York.
UN JOUEUR STAR QUI DEVIENT UN COACH DE LÉGENDE
En 1936 Joe Lapchick accepte l’offre de l’université de Saint-John dans le Queens pour en devenir le coach de l’équipe de basket. L’Université est aujourd’hui bien connue des New Yorkais pour évoluer régulièrement au Madison Square Garden, membre de la Big East, des joueurs célèbres comme Chris Mullin, Metta World Peace ou encore Malik Sealy sont passés par l’université du Queens. C’est ici que Joe Lapchick fait ses début comme entraîneur, un vrai joueur de basket passé coach, qui priorise le développement personnel des joueurs avec un incroyable leadership. Ses joueurs apprécient la capacité de Lapchick à les faire progresser rapidement, avec bienveillance et accepte son exigence. Mais Lapchick a le plus d’exigence avec lui même, son niveau de stress atteint des sommets sur le banc pendant les matchs. Jamais envers ses joueurs, c’est contre la frustration d’être sur le banc qu’il lutte. Les gesticulations explosives, les chaises cassées, tablette de jeu balancées sont monnaie courante avec Joe Lapchick sur le banc.

Néanmoins, ses joueurs l’adorent et il remportent 2 NIT (compétition crée par Ned Irish, équivalent de la march madness actuelle) en 143 et 1944. Ses montées de stress le font s’évanouir pendant la finale de 1944, la première fois pour Joe Lapchick… En 11 saisons à la tête de Saint-John, il obtient un excellent record de 180V-55D.
Pendant ce temps du côté de New York, qui est le centre de gravité du basket ball, Ned Irish, le propriétaire du Madison Square Garden négocient la création d’une équipe résidente à Manhattan pour intégrer la nouvelle ligue BAA, qui deviendra 2 ans plus tard la NBA. New York et le Madison Square Garden sont alors le centre du monde, une équipe de basket à New York se doit de faire rêver, d’avoir les meilleurs et attire ces derniers. Après 11 années passés à Saint-John, Ned Irish veut cette ancienne star du basket, membre des Originals Celtics, ce New Yorkais qui a fait ses preuves en tant que coach. Saint-John fait le forcing mais Lapchick refuse l’offre de l’Université à 12 000 dollars et devient officiellement, en 1947, le premier coach de la nouvelle équipe de Manhathan, les New York Knickerbockers.
LE DÉBUT DES KNICKERBOCKERS AVEC LES “LAPCHICK BOYS”
Les Knickerbockers sont nés et le Madison Square Garden dans sa 3eme version est plus que jamais “The World Famous Arena”. C’est dans ce contexte juste après guerre que débute l’histoire de la NBA et des Knicks.
Joe Lapchick dirige avec talent l’équipe de New York, un leadership qui sera reconnue tout au long de sa carrière. Comme à son habitude sur le banc, il hurle, casse des chaises, jamais son stress ne se dirige vers ses joueurs cependant. Il s’entend très bien avec Ned Irish et s’implique dans le recrutement. Après plusieurs discussions avec Abe Saperstein, le propriétaire des Harlem Globe Trotters, il recrute Clifton Nathaniel, faisant de lui le premier joueur noir à signer un contrat en NBA. Avec Dick McGuire et surtout Harry “The Horse” Gallatin, Joe Lapchick coache 3 fois la sélections East du All-Star Game dans les années 50’s et atteint 3 finales NBA, malheureusement sans succès. Une frustration dans l’histoire des Knickerbockers, car cette équipe appelé les “Lapchick Boys” avait un écho dans le coeur des fans américain, de part son style, de part New York…

Les clés du succès pour Joe Lapchick étaient sa grande expérience de joueurs, sa connaissance du jeu et plus que jamais son leadership. 8 joueurs de l’équipe de 1953-54 deviendront coach par la suite, dont Harry Gallatin, certains y voient ici un hommage au leadership de Lapchick. Mais ce dernier continue de souffrir de stress trop intense au bord du terrain. Plusieurs évanouissements se produiront à nouveau, mais plus grave lors d’un weekend, une attaque cardiaque. Pour des raisons de santé, il quitte les Knicks à la fin de la saison 1955-56, ce qui plongera les Knicks dans les profondeurs du classement et la crise la plus profonde avec celle du début du 21eme siècle. Il faudra attendre 1965 et la draft de Willis Reed pour voir les Knicks commencer à remonter la pente.
ACCROC AU COACHING
Malgré ses problèmes de santé, il décide finalement de retourner coacher l’Université de Saint-John et cette fois tout en s’impliquant dans le cursus universitaire de ses joueurs en suivant aussi leurs résultats scolaires. Il remporte à nouveau 2 NIT et 2 titres de coach of the year, mais lors de sa dernière saison en 1964-65, plusieurs attaques cardiaques se produisent.
Lors de ma dernière saison, je n’arrivais parfois plus à parler à mes joueurs à la mi-temps tellement les douleurs dans la poitrine étaient forte
Joe Lapchick - A propos de ses problèmes cardiaques
Il se retire alors du coaching et rédige un livre en 1968 “50 years of basketball” et se consacre à sa famille, deux garçons et une fille, qui deviendront de grands leader dans la lutte des droits civiques et l’éducation. Il est introduit au Hall of Fame dès 1966 mais en 1970, une attaque cardiaque aura raison de lui, Joe Lapchick décède à Monticello, état de New York, à 70 ans.

Avant même de devenir coach, Joe Lapchick était une des première star du basket américain, très aimé du public pour son succès, son humilité, son exemplarité, il est le parfait exemple du rêve américain. Parvenant au succès grâce au travail, lui qui a l’âge de 12 ans ramasse du charbon près des voies de chemin de fer pour aider sa famille.
Il a évolué avec succès vers le coaching pour devenir LE premier coach des Knicks et meme la premiere star. Car il y avait bien Harry Gallatin mais les Knickerbockers, c’était les Lapchick boys. Son leadership, basé sur le respect et la motivation des joueurs en les aidant à se développer dans un esprit collectif, l’a fait être aimé de tous. Sa gentillesse s’accompagne d’une humilité excessive, qui lui a value malaise, attaque cardiaque et même la mort. L’humilité poussée à l’extrême qui l’a amené au succès tout en le faisant souffrir, surement car il savait sa chance, avait grimpé tous les échelons de la vie et savait que rien n’était dû au hasard. Joe Lapchick a été le premier coach, a faire du Madison Square Garden un lieu magique et restera à jamais dans l’histoire des Knickerbockers, même si son numéro n’a pas été retiré comme red Holzman.
Même si l’humilité lui a été fatale elle a aussi rendue Joe Lapchick invulnérable.
